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LE TERRITOIRE, UN LIEU

Le lieu est un patrimoine matériel et immatériel. Constitué d’objets et de matières, d’usages et d’histoires.

Il nous apparaît par l’observation, mais aussi par le parcours et le dialogue. Ces approches complémentaires du lieu s’imposent progressivement dans notre appréhension d’un territoire de projet et fondent nos architectures.

Les projets mettent en résonance les constituants d’un territoire. L’identité d’un lieu, au moment où nous le découvrons, précède notre action sur lui. Elle s’aborde au travers de plusieurs prismes. Au sens élargi, nous observons la logique urbaine dans laquelle il s’inscrit. Quel projet de territoire, quelles règles, quelles coutumes en fondent les principes ? Et dans un sens constitutif, de quoi est fait ce lieu ? Quelles géographies, topographies, géologies, climats, ou encore faune et flore en constituent l’épaisseur ?

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ORIGINES, HISTOIRES

Le projet n’est pas seulement la conception d’un futur, faire du neuf avec du vieux implique la disparition d’un substrat d’histoires. La réhabilitation efface les strates du temps, le volume ancien est remplacé par un espace rationnel. Une histoire s’efface pour qu’une autre, nouvelle, s’écrive.

Derrière la disparition de «l’impropre» au profit d’une image architecturale «propre», nous sélectionnons une partie des histoires du lieu. Or le sens du lieu est ce qu’il a vu émerger comme histoires. Cela est fondateur de son appropriation et intimement lié à la formation d’un projet cohérent.

Nous nous accrochons à un futur fantasmé du lieu où le patrimoine est lui aussi une notion vivante qui se construit par sélection et appropriation, que ce soit par trait culturel ou une architecture.

Notre démarche prend le présent comme socle et regarde vers un futur proche, mais nous regardons aussi en arrière, quitte à réinventer des histoires, garder de l’impropre, du substrat.

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L’ESPACE, L’USAGE ET LE FOYER

A la notion d’habitation nous préférons la notion de foyer. La dimension affective du foyer est vécue comme quelque chose d’unique. Franchir cette porte qui fait passer du lieu commun au foyer est un acte salutaire pour le corps, l’âme et l’esprit. J’habite un lieu qui m’a apprivoisé.

Cette reconnaissance du foyer est possible grâce à plusieurs actions qu’il faut susciter par la qualité des matières saines, leur mise en œuvre, le travail de l’habitant, la qualité du flux de la lumière, de l’air. Ce confort primordial, nécessaire à l’épanouissement de l’individu est possible grâce à l’action humaine, l’artisanat.
Le foyer, cette matière malléable, permet d’intégrer dans la genèse de l’espace architectural de nouvelles compositions d’unités de vie.

Au cœur de l’habité, l’évolution est possible. Mutualiser des espaces, accepter les cycles de la vie, le départ ou l’arrivée d’enfants, d’amis, composer à plusieurs un foyer. Ainsi, dans cette grande maison où la diversité grouille, apparaît une entraide humaine, la vieille dame veille sur le lieu comme le jeune couple soulage le poids de l’âge.

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BIEN COMMUN, LIEUX COLLECTIFS

Au-delà de l’intimité du foyer, naturellement, il y a le rayonnement de l’habitat, dans les espaces partagés. Nous tâchons de nous affranchir des lieux communs, pour participer à l’équilibre, à la dynamique du collectif. Nous favorisons l’échange entre les habitants grâce à des lieux dédiés à la rencontre, des lieux d’actions et des lieux de paroles.

Nous nous attachons à élaborer des parcours multiples dans les espaces communs, pour aller au-delà de l’utile. Ainsi l’espace servant, le couloir, la passerelle, la laverie, le toit terrasse commun ou individuel, l’escalier accroché à la façade, les jardins, les portes qui offrent deux entrées et deux issues, transforment une architecture utilitaire en espace fantastique, en labyrinthe pour le jeu des enfants.

L’accès, le parcours, échappent à la fonction.

La nature également, nourrit activement les lieux de transition entre les habitants et le monde qui les entoure. Elle participe à en faire des lieux vivants. Nous favorisons la dynamique du vivant pour qu’elle se prolonge de l’extérieur jusqu’au sein des foyers. Ainsi, pas de couloir, d’impasse vers le logement, mais des lieux qui assument la fonction du jeu, l’échange entre deux foyers, et donnent largement sur l’environnement. Des circulations qui ne sont pas des artères mais des canaux.

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EXPRESSIONS URBAINES

Les relations sociales n’ont pas de morphologie, pourtant elles sont pour nous l’un des sujets principaux dans la mise en place d’une réflexion sur la ville. Qui dit ville dit forme bâtie, constructions, espaces publics, équipements, logements, en d’autres termes un tissu d’espaces et d’objets bâtis et non bâtis. Pourtant les villes sont d’abord l’espace des hommes, construites par eux et pour eux et de fait elles sont le théâtre, le creuset, de relations sociales. On saisit donc le décalage entre la nécessaire forme et ce qu’il s’y passe : des interactions qui sont du registre social (échanges, commerces, détentes, travail, réflexions, contemplations).

Nous concevons notre écoumène, c’est-à-dire l’ensemble des terres façonnées par l’homme, dans un objectif durable, au-delà de la planification d’une morphologie bâtie. A ce jour, deux données sont devenues pour nous fondatrices dans la mise en place des espaces urbains : la question du programme, qui sous-tend celle de l’économie ; et la question du développement durable, qui parle de l’impact de notre écoumène sur notre milieu naturel.

Une troisième donnée entre en jeu de façon prépondérante dans notre travail : les relations humaines ou plus simplement l’humain. Quand les usages sont entendus par tous, puis pratiqués par tous, alors les espaces publics deviennent cohérents. ils adoptent une structure cohérente à mesure que les us-et-coutumes se combinent, créent de l’interaction, de la richesse dans un objectif social commun.

La prise en compte et la mise en valeur des usages nous permettent de dépasser le simple agencement spatial composé, pour créer une «entente» locale, où nous cherchons à nous comprendre. Au sein de ces espaces de consensus souhaités, l’usage prend une valeur locale qui est entendue et bénéfique pour tous les usagers de tous horizons.

La part de rêve

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DES ESPACES MYTHOGÈNES 

Le récit est notre premier réflexe quand il s’agit de s’approprier un lieu. Nous fabriquons une histoire pour évoquer l’endroit qui nous a marqués. Ainsi les lieux convoquent des réalités subjectives à raconter.

La conception d’un espace est inscrite en amont dans une histoire, un ‘mythe’ ; et cet espace incarne par la suite les vecteurs de ce récit. Un projet de maison individuelle peut raconter la chaleur d’un foyer rêvé, un projet de logement collectif peut raconter la concrétisation d’une utopie partagée et la bienveillance de l’intelligence collective.

Ainsi la commande d’une architecture est une histoire que l’on nous demande de mettre en forme en convoquant des univers de référence qui vont des machines fantastiques de Jules Verne aux contes merveilleux de Miyazaki Hayao.

Nous concevons des univers énigmatiques, faits d’échos, d’histoires et d’humain ; tentant d’avancer vers une origine commune.

Dans notre quête de créer une architecture en symbiose avec son environnement, apparaît souvent dès les prémices du dessin d’architecture une construction poétique, littéraire ou orale, dont nous ne savons pas nous-mêmes si elle précède, succède ou émerge conjointement à l’idée formelle. Ainsi pour être architectes, nous sommes également témoins, voire acteurs, des sources poétiques et culturelles de notre quotidien.

Tous les espaces peuvent bénéficier d’un récit.

Celui-ci permet le questionnement, l’enchantement et enfin l’appropriation. Le récit n’est pas à prendre au pied de la lettre, il convoque simplement une part de merveilleux. L’espace ainsi conçu parle.

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UNE ARCHITECTURE DE LA JOIE

La joie est une force motrice que nous convoquons à travers les projets non seulement dans l’acte de faire l’architecture mais aussi dans l’idée qu’elle puisse perdurer par delà notre mission et faire émerger un récit personnel.

Elle est un levier dans notre métier pour faire du projet une célébration, une rencontre de toutes les narrations qu’il contient.

Pétillante et pertinente à la fois, l’architecture que nous soutenons est porteuse de sens et d’espoir ; un repère ancré dans une histoire commune, une architecture que nous prenons plaisir à nommer « sans âge ».

Selon nous, la joie peut jaillir de façon impromptue par n’importe quel interstice du bâtiment ou sur le chemin qui y conduit. Nous transmettons ce que nous sommes.

Et continuer à trouver le souffle pour que cette joie perdure malgré tout.

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HOMMAGE AUX FIGURES DÉSUÈTES

Nous faisons de la trace historique une figure de style ; et voyons un terrain d’entente entre une orientation contemporaine et la continuité des formes qui nous précèdent. L’anecdote peut contenir une source pour une nouvelle histoire, être un trait d’union. La nostalgie de l’ancien foyer stigmatise nos mœurs ; donnons-lui de l’épaisseur, satisfaisons-la.

L’acte de réhabilitation nous donne le meilleur prétexte à exploiter des formes passées. Mais nous en profitons pour déguiser la nouveauté en ancien aussi. Cette hybridation est l’occasion de découvrir des formes, de s’affranchir de certains aspects d’un contexte parfois appauvri. L’hérésie est un jeu, que l’on ne peut gagner que si l’on se sent bien dans les chimères spatiales ainsi créées.

L’attitude envers le patrimoine doit permettre de s’affranchir, de contourner la règle pour reconfigurer un lieu, une architecture et dégager, augmenter ou souligner une identité. De l’histoire et du patrimoine, nous puisons les savoir-faire pertinents pour construire en adéquation avec le lieu.

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LE VIVANT

Toutes les situations sont fertiles. Chaque recoin d’espace a la capacité d’accueillir le développement du vivant, il suffit d’y regarder de plus près. Quel que soit l’espace généré, il appelle à être occupé par la vie, habité d’une force qui bien des fois nous dépasse. Au moment même où une activité se produit dans un lieu, nous évoquons l’aspect vivant de ce lieu. Le vivant est une nécessité garantissant la viabilité de notre environnement et par effet de conséquence il garantit notre présence au sein de cet environnement. L’activité devient une action cohérente si elle se produit dans un univers fertile.

Entretenir le lien avec le vivant, c’est également ne pas perdre notre capacité à reconnaître l’enchantement dans chacune de ses expressions. L’extrémisme rationnel et scientifique a pour conséquence de rendre stérile notre ressenti du monde. Il faut laisser la part belle au paysage. Respirer l’air, s’imprégner des couleurs, saisir les cycles, chercher la symbiose et l’analogie. La vision holistique de notre monde donne des jalons dans la construction de notre attitude avec le vivant.

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SENSIBLE ET MYSTÉRIEUX

Nous convoquons des souvenirs d’enfance pour faire projet. Ils forment un socle puissant à l’inconscient qui guide la démarche conceptuelle. Réfléchir et penser, se nourrir d’allers-retours entre le rationnel et l’irrationnel, inviter l’instinct.

Notre intuition nous guide vers une architecture sans nom qui puise son inspiration dans la matière ; qui tente de dire plus que son simple programme ou sa relation avec son environnement proche ; et cherche à dialoguer avec ce mystère qu’est le vivant. Une évocation.

Cette recherche de la justesse trouve sa source dans un vide habité, un déjà là qui demande à être manifesté.

La pérennité

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MATIÈRES AMÈNES

Nous mettons en œuvre des matériaux amènes et biosourcés ; des produits utilisant les outils d’un processus économique durable, issus de la biomasse végétale ou animale et pouvant être utilisés comme matières premières dans des procédés de construction. Ils sont extraits du sol d’où le bâtiment se construit, proviennent de filières locales et renouvelables. Ils favorisent une économie locale et durable, encouragent son développement.

C’est la terre sous nos pieds, la paille, le bois local, la chaux de Saint-Astier…

Ces matériaux requièrent une mise en œuvre née de savoir-faire propres à un territoire et à son architecture vernaculaire, qui souvent nous sert de référence et qui puise sa force dans cette matière présente autour de nous.

C’est le patrimoine vivant qu’offrent ces matériaux que nous valorisons. Porteurs d’histoire, ils donnent du sens à l’architecture et au lieu. Ils demandent moins d’énergie pour les extraire et les transporter et une technicité variable selon le procédé permettant de laisser aussi faire les habitants. Une économie réelle au sens plein pour les foyers.

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ECOSYMBOLE

Nous avons pour ambition de construire des bâtiments qui soient des écosymboles, c’est-à-dire des lieux qui agissent comme un pont entre deux domaines. Celui de la contingence triviale, factuelle, économique et locale, et celui de la prise en compte d’un ensemble plus large portant sur le territoire et dans la durée, sur le paysage et le temps.

Aller au-delà de l’architecture et devenir acteur de la fabrication de la ville ; être au cœur du dialogue et agir. Deux moyens simples se présentent pour introduire cette notion, la mise en place d’un chantier partagé par les différents acteurs comme terrain de jeu pour s’approprier l’espace, et le travail intelligent d’une équipe pluridisciplinaire. Une construction sociale dont l’origine est le partage des compétences dans un échange horizontal, se base sur la qualité d’écoute de chacun.

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CONSTRUCTION  SOCIALE

Nous considérons que la qualité des liens sociaux, au sein de nos équipes de maîtrise d’œuvre, au sein des entreprises avec lesquelles nous travaillons et dans le rapport horizontal que nous entretenons avec nos maîtrises d’ouvrage, se transmet au projet d’architecture. De la même manière que nous faisons participer les habitants à la construction du lieu dont ils seront les garants dans le temps, nous nous efforçons de bâtir un cadre social harmonieux au sein de notre équipe.

Nous considérons la conception comme un travail à partager en étroite relation avec chacun des intervenants appartenant au projet et inscrite dans le temps long du projet. Laisser les usagers reprendre leurs droits d’influence sur leur lieu de vie implique de constituer une équipe de maîtrise d’œuvre atypique. En son sein les rapports avec tous les acteurs du projet sont faits d’échanges francs, créateurs d’un travail en symbiose, non morcelés par des juxtapositions de compétences isolées. Nous tentons d’intégrer en amont, en plus des bureaux d’études, des artisans qui accompagnent les futurs habitants ou usagers pour les former à des savoir-faire simples et créatifs.

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CHANTIER PARTAGÉ

La pérennité d’une architecture est liée à la capacité de ses habitants à la cerner, la comprendre, et par là, à l’aimer, l’entretenir et l’améliorer. C’est pourquoi nous proposons des projets qui peuvent accueillir un chantier partagé. Un chantier de l’appropriation et de la construction des singularités, et qui se déroule après le chantier réalisé par les entreprises. Ce deuxième temps de la construction se nourrit de tous les apports souhaités par l’habitant. Il est fait de l’ensemble des petites interventions d’agrément de l’espace.

L’espace livré permet toutes ces accroches singulières qui caractérisent un foyer et construit son image. Ainsi le projet d’architecture se pare des identités habitantes.

Il s’agit pour nous d’ouvrir le projet aux interventions individuelles, d’intégrer dès la conception une notion d’inachevé, de considérer que le chantier n’est qu’une étape et qu’il ne fournit qu’un support pour une autre production. C’est l’idée du « deuxième chantier » qui est source d’économie, de convivialité, de créativité.

« J’ai participé de mes mains au lieu dans lequel je vis, je me reconnais dedans. Je deviens ainsi responsable du lieu où je vis. »

Nous voyons à travers cette implication citoyenne un pas vers plus d’autonomie pour le plus grand nombre, permettant que perdurent les espaces habités.

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HORS  CADRE

Nous avons pour ambition de questionner la limite, la règle, la technique pour la dépasser. Nous envisageons que les perspectives de bénéfice dans le temps sont importantes. Il s’agit pour nous de contribuer à l’évolution des normes, de lire à travers les lignes (l’admis, le conventionnel, les lois, la commande, les mots) ; être par-delà son temps.

Nous voulons donner au plus grand nombre les moyens pour aller vers l’inédit, le hors norme. Chercher à créer une image valorisante et unique d’architecture qui soit à eux. Créer des lieux de vie propices à l’échange, à l’ouverture, à l’imprévu. L’architecture est pour nous un pari sur l’avenir.